Manwë
parla à Eru, et dit :
« Vois !
un mal apparaît en Arda que nous n’avions pas prévu : les Enfants
Premiers-Nés, que Tu as faits immortels, souffrent maintenant de la séparation
de l’esprit et du corps. De nombreux fëar des Elfes des Terres du
Milieu sont à présent sans abri ; et même en Aman il s’en trouve un.
Les sans-abri, nous les convoquons en Aman, pour les garder des Ténèbres, et
tous ceux qui entendent notre voix demeurent ici en attente. Jusqu’à quel
point devons-nous encore aller ? N’y a-t-il aucun moyen par lequel leurs
vies pourraient être renouvelées, pour suivre le cours normal de ce que Tu as
conçu ? Et qu’advient-il des proches qui portent le deuil de ceux qui
sont partis ? »
Eru
répondit :
« Que
les sans-abri soient ré-hébergés. »
Manwë
demanda :
« Comment
cela sera-t-il fait ? »
Eru
répondit :
« Que
le corps qui fut détruit soit refait. Ou que le fëa mis à nu renaisse
comme un enfant. »
Manwë
dit :
« Est-ce
Ta volonté que nous devions tenter ces choses ? Car nous redoutons de nous
immiscer dans ce qui concerne Tes enfants. »
Eru
répondit :
« N’ai-je
pas donné aux Valar le gouvernement d’Arda, et le pouvoir sur toute sa
substance, pour la façonner à leur volonté sous Ma volonté ? Vous
n’avez pas rechigné en ce domaine. En ce qui concerne les Premiers-Nés,
n’avez-vous pas retiré un grand nombre d’entre eux de la Terre du Milieu où
je les avais installés vers Aman ? »
Manwë
répondit :
« Nous
avons fait cela par crainte de Melcor, et avec de bonnes intentions, quoique non
sans appréhension. Mais user de notre pouvoir sur la chair que tu as conçue, héberger
les esprits de Tes enfants, cela semble une affaire au-delà de notre autorité,
ne serait-ce même pas au-delà de notre compétence. »
Eru
dit :
« Je
vous donne l’autorité. Les capacités, vous les avez déjà, si vous en tenez
compte. Voyez, et vous trouverez que chaque esprit de Mes Enfants conserve en
lui-même la pleine empreinte et le plein souvenir de son ancienne demeure, et
dans sa nudité, cela vous est ouvert, de telle sorte que vous puissiez
clairement percevoir tout ce qui est en lui. D’après cette empreinte, vous
pourrez lui refaire une demeure semblable en toutes ses particularités à celle
qu’il avait avant que le mal ne lui advienne. Ainsi pourrez-vous le renvoyer
au pays des Vivants. »
Puis
Manwë demanda encore : « O Ilúvatar, n’as-Tu pas également parlé
de renaissance ? Est-ce également dans les limites de notre pouvoir et de notre
autorité ? »
Eru
répondit :
